Ethylotest, le jackpot !
Rédigé par hamlet le 02 avril 2012
Dès le 1er Juillet, tous les automobilistes devront avoir un éthylotest dans leur boite à gant, sous peine d’une amende de 17 euros. Contre toute attente, il ne s'agit pas de vérifier si le représentant de la maréchaussée qui vous arrête est sobre, mais de bien de contrôler l'état du conducteur.
Le ballon vient ainsi s’ajouter à la liste des accessoires obligatoires au volant, à savoir la boîte d’ampoules, le gilet jaune, et le triangle de signalisation.
Le processus qui a conduit à l'adoption du décret est assez divertissant.
Le 1er Septembre a eu lieu sur ce sujet, à l'Assemblée Nationale, une réunion de la mission d’information relative à l’analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière.
Y participaient des représentants du gouvernement, des experts dont certaine sérieux, et le représentant de l'association I.Test , tout récemment créée. On aurait pu s'attendre à ce que cette association représentât les familles victimes de l’alcoolémie au volant. Point du tout, il s'agit de l'association... des fabricants d'éthylotests ! Elle est présidée par un certain Daniel Orgeval, chargé de mission chez Contralco, l'un des deux fabricants d'éthylotests chimiques, représentant environ 90% du marché français. Daniel Orgeval est un ancien directeur d'une société de radars et ayant été à l’initiative des appareils de contrôle des feux rouge, bref, un grand défenseur des libertés publiques, qui avait envoyé un gros dossier sur le sujet à Claude Guéant, alors ministre de l'Intérieur (passionné, il a même crée un musée pour ça, si si)
I.Test y va franco d'entrée de jeu : "Nous réclamons l’application, par un décret en Conseil d’État, de la disposition de l’article L. 234-14 du code de la route prévoyant que tout automobiliste justifie de la possession d’un éthylotest. Dans une enquête menée par RTL, 70 % des votants se sont prononcés pour cette mesure".
Et hop, Claude Guéant, signe le décret dès le 28 février 2012. Si les lois françaises sont faites par des lobbies, il faudrait penser à arrêter de payer les ministres.
Détail amusant de ce décret, il dispose que "tout conducteur de véhicule terrestre à moteur, à l'exception des cyclomoteurs", devra posséder ces éthylotest. Cela veut dire que les Autolib parisiennes devront en être équipées. Cela veut dire que les voiturettes sont concernées. Cela veut dire que les transpalettes, moissonneuses-batteuses et les tracteurs n'y coupent pas non plus !
D'un point de vue financier, cela représente environ 76 millions d'euros (38 millions de voitures x 2 éthylotests à 1€ pièce). Joli coup, monseigneur ! De plus, les éthylotests classiques se périment sous deux ans, donc ce jackpot se transforme en rente. Sachant qu'un éthylotest ayant été exposé à une température de plus de 40 degrés - température couramment atteinte dans les habitacles tous les étés - est aussi fiable qu'une ...parole d'ivrogne, et que leur fiabilité demeure variable selon les marques, on mesure quel grand pas de civilisation a été franchie par la signature de ce décret ridicule, mais rémunérateur.
Et une fois de plus, la palme de la fauxcuterie revient au Figaro, qui nous explique dans son édition du 19 mars , avec un art consommé de l'inversion intellectuelle, que "cette décision marque une certaine rupture avec le «tout-radar» qui, depuis 2003, ne met à l'index que la vitesse". Selon cette publication, la mesure inventée par le lobbyiste de Contralco serait donc une pause, voulue par Sarkozy, à la politique de racket fiscal menée sur les routes. Fallait y penser, à celle là !
(cela a fait réagir la ligue de défense des conducteurs, pétition disponible ici )
Association I-Tests, la liste des membres
Président : Daniel Orgeval, membre du comité de certification NF éthylotests. Mais aussi chargé de mission de l'entreprise Contralco
Vice-Président : Stéphane Vialettes, expert technique en matériels de sécurité routière, alcool et drogues mais aussi Directeur Général de l'entreprise Alcolock France, producteur d'éthylomètres homologués et d'éthylotests normés et certifiés
Vice-Président : Bertrand Jermann, Président de l'entreprise Ethylo, producteur de systèmes de dépistage d'alcoolémie normés et certifiés
Vice-Président : Pierre Elefteriou, Membre du comité de certification NF éthylotest, Expert du CEN éthylotests (comité européen), Président de l'entreprise Pelimex, Importateur d'éthylotests normés et certifiés
Trésorier : Patrick Deprez, Président de l'entreprise Objectif prévention, importateur d'éthylotests normés et certifiés
Liste des adhérents, membres actifs et suppléants :
Heinesch Claude, Vice-Président du Directoire de l'entreprise Dräger
Hetzel Bernard, Président du Directoire de l'entreprise Dräger France SAS
Haeberlé Luc, Directeur Commercial & Marketing de l'entreprise Dräger France SAS
Marchandise Jean-Pierre, Directeur Commercial de l'entreprise Alcolock
Antoine Guy, Directeur Général Délégué de l'entreprise Ethylo
Chackir Jean, Gérant de l'entreprise Alcoroute AJC Media
Condesse Eric, PDG de l'entreprise Contralco
Comeau Felix, Chef de l'entreprise ACS Corps (Canada) dont Alcolock est une filliale
Grand d'Esnon Thomas, Chef de projet EAD au sein de l'entreprise Mercura
Christophe Charruault, Responsable Marketing au sein de l'entreprise Mercura
Dominique Benezeth, Responsable formation Forces de l'Ordre et chargé de Mission régional pour Contralco
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