Sarközy lave plus blanc.

Rédigé par hamlet le 05 mai 2012

Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette élection aura mobilisé les imaginations, si ce n'est les intelligences, si l'on en juge par l'abondance des articles à ce sujet.

Elle aura mobilisé aussi les passions, les noms d'oiseaux fusant comme les poissons d'Ordralphabétix. 

Rien d'anormal, dans un village gaulois.

Succombant aussi à cette tentation déplorable, voici une réflexion de plus sur ce sujet brûlant. Attention, ça envoie du steak !





Devoir moral ou option tactique ? 

Deux candidats se présentent aux suffrages de ce deuxième tour. A droite, fleurit une foison d'avis apocalyptiques, y compris de clercs, énoncant qu'il serait un "devoir moral", sous peine de "grave irresponsabilité", de préférer telle ou telle option.

Si les mots ont un sens, je crois tout d'abord que ce choix ne relève pas de la conduite morale, mais d'une option tactique : il ne s'agit pas d'une réponse de principe, mais d'une réponse adaptée aux circonstances et déterminée par elles.

Au plan politique et économique, les idées des candidats, pour ce qui leur reste de marge de manœuvre dans notre univers mondialisé, ne sont pas très différentes. En ce qui concerne leurs projets anthropologique, ils partagent la même vision transgressive, si on la rapporte à l'orthodoxie de la morale chrétienne. Les différences ne jouent qu'à la marge, sur ce qui reste de modalités possibles à ces transgressions. Sur l'IVG, par exemple, il sont tous deux d'accord sur le bien fondé du principe, la différence entre eux ne porte que sur le niveau de remboursement, 65% pour l'un ou 100% pour l'autre, soit une somme bien inférieure à 30 deniers (précision historique : cette somme correspond au prix d'achat d'un agneau, selon M. Valtorta).

Sur le critère de la morale, aucun des candidats n'est correct, et leurs ressemblances dépassent largement leurs différences. Pour prendre une analogie routière, il ne s'agit pas de choisir, sur une route départementale, entre une voiture qui roulerait à 90 et une autre à 140, mais bien entre une voiture qui roule à 180 et une autre à 182. Il ne s'agit pas de distinguer entre deux biens, mais entre un mauvais et un pire. 

Imaginons être l'un des 12 jurés d'un tribunal condamnant une personne innocente. Le procureur donne le choix entre deux condamnations : soit lui couper un pied sous anesthésie, soit lui couper un bras. Existe-il une solution moralement meilleure ? 

Préférer l'opération sous anesthésie est acceptable, car, dans l'impossibilité de faire mieux, le condamné souffrira moins. Mais cette réponse aura contribué à lui couper le pied. 

Refuser ces deux options est également une réponse correcte, puisque la personne est innocente. Mais cette option n'est par proposée par le procureur, le condamné sera forcément amputé, et possiblement avec un plus grand mal, si le reste du jury vote l'amputation sans anesthésie.

Si des autorités morales (Mgr Sheridan, 2004) ont pu affirmer que la seconde solution était la seule moralement juste, d'autres tiennent pour l'option inverse (Mgr de Germiny 2012). Et la position qu'exprime pour 2012 la Conférence Épiscopale renvoie chacun à sa propre analyse, sans désigner de devoir moral autre que celui de « voter en conscience ». Les Évêques Catholiques n'ont pas identifié de devoir moral à opter pour telle ou telle solution, ce qui laisse l'électeur libre d'opter pour l'une ou l'autre des options possibles, dans la mesure où, sa conscience étant raisonnablement éclairée, l'option choisie cherche à promouvoir le bien commun. 

Ce choix restant donc une option tactique, il peut être discuté longtemps : restant dans les vérités relatives, re-situer le débat sur le plan tactique permet, accessoirement, de rendre moins vive la nécessité de s'invectiver, les uns traitant les autres de suppôts de satan, les autre d'idiots irresponsables, ce qui n'est déjà pas si mal.


La politique du moindre mal

En se limitant à la lecture des deux programmes, l'électeur qui chercherait à être fidèle à la doctrine chrétienne, et qui en déduirait que son choix doit se baser d'abord sur la comparaison des questions morales, peut se dire que la solution est évidente, car nominalement, le programme UMP est moins transgressif que le programme PS. La philosophie classique recommandant, entre deux maux, de choisir le moindre, un vote Sarkozy au nom du moindre mal, apparaît donc comme la réponse correcte.

Mais pour qui estime que les programmes électoraux n'ont de valeur qu'indicative, et que l'analyse tactique ne doit pas se limiter à la première bande du billard, les choses sont moins simples.

Depuis 1974, une majorité de voix chrétiennes se sont portées sur la droite parlementaire, contribuant à l'élection de Giscard, puis de Chirac et de Sarkozy, au nom de la théorie du moindre mal.

La première chose que je remarque est que ces voix n'ont été échangées contre aucun avantage. Oubliant les pré-requis de la dissuasion du faible au fort, elles n'ont été payées en retour d'aucun bien positif, mais seulement d'un bien négatif discutable, que serait le retard hypothétique apporté à l'installation des maux moraux successifs installés les uns après les autres : relativisme, individualisme, matérialisme, inculture de masse, laxisme, hédonisme, nihilisme, immoralité, etc, ainsi que des maux politiques et économiques qui les accompagnaient.

Ce refus constant d'absence de sanction par les urnes partage d'ailleurs avec les sondages politiques un inconvénient supplémentaire, qui est d'encourager l'utilisation du mensonge et de la duplicité dans le discours politique, en leur assurant une rentabilité.

Si, en théorie, le retard à l'installation du mal peut permettre le retour du bien, force est de constater que cela ne s'est pas produit dans les 38 dernières années de la vie politique française, soit d'une mauvaise mesure de droite qui aurait été abrogée par la droite suivante, soit, plus facile, d'une mesure de gauche qui aurait été abrogée par la droite. L'exemple-type à ce sujet est celui des 35 heures : si la droite, au pouvoir absolu pendant 10 ans, s'est lamentée sur tous les tons de ce que cette mesure serait « responsable de la ruine de la France apportée par la gauche » et aurait « détruit la valeur travail », arguments consciencieusement ânonnés dans beaucoup de salons distingués, elle s'est bien gardée d'y modifier quoi que ce soit. Alors qu'elle a su mettre un acharnement remarquable à instaurer le travail du dimanche, mesure politiquement coûteuse et économiquement infondée, contrevenant de front au 4° commandement, ce qui n'est tout de même pas rien.

Enfin, ce que je constate aussi, c'est que le soutien passif, même à contre cœur, d'idées incorrectes, finit par les imposer dans le paysage culturel. L'exemple-type, ce sont toutes les questions sociétales, divorce, sexualité précoce ou contre nature, avortement, pornographie, théorie du genre, etc, qui sont maintenant culturellement acceptée et perçues comme bonnes par toutes les classes de population, incrustées y compris dans les « meilleures familles ». C'est l'adage « à force de ne pas voter comme tu penses, tu finis par penser comme tu votes », ou l'allégorie de la grenouille cuite

En ce sens, il n'est pas absurde de dire, et je le soutiens à titre personnel, que cette option tactique a contribué à installer durablement des valeurs de mort dans notre société. La politique du moindre mal se transforme ici en la politique du mal durable.

Le vote blanc.

La première objection concernant le vote blanc est qu'il s'agirait d'une non-décision : il est vrai que le domaine politique est celui de l'action, du parti-pris, et non pas celui de la pureté doctrinale, que celui qui se retire dans sa tente peut être considéré comme un démissionnaire.

Si le candidat de l'UMP a tenu le discours du Trocadéro, si le chantre du métissage s'est métamorphosé en féroce gardien des frontières, allant jusqu'à adopter la plus mauvaise des propositions de Mme Le Pen (la présomption d’innocence pour les policiers), c'est bien parce qu'il a évalué, soupesé ce poids, et espère convaincre la fraction récupérable des électeurs qui va voter blanc, l'une à sa gauche, chez Bayrou, et l'autre à sa droite, chez Le Pen et Dupont-Aignan. Comme la plus grande part se trouve à sa droite, ces intentions de vote blanc l'obligent à infléchir à droite son discours de second tour, de la même façon qu'en 2007, le poids du FN étant moindre que celui du Modem, il avait fait campagne au centre (ce qui n'avait pas empêché l'UMP de présenter un candidat contre Bayrou dans sa circonscription).

Paradoxalement, et dans la conformation particulière des élections 2012, ce sont finalement ceux qui menacent Sarkozy de ne pas voter pour lui, et sont éventuellement prêts à ne pas céder, qui l'obligent le plus à infléchir son discours politique. Vu sous cet angle, il me paraît difficile de dire que vouloir voter blanc est un non-acte. 

Le second argument est celui de sa non-lisibilité, puisque les votes blanc sont à la fois ceux de Le Pen qui n'ont pas voulu voter Sarközy ou Hollande, et ceux de Mélenchon qui n'ont pas voulu voter Hollande. L'argument ne convainc pas, car les sondages permettent d'évaluer ces masses, d'une part, et qu'il ne s'agit pas de lire, mais d'élire.

Enfin, la dernière objection consiste à dire, côté UMP, que "voter blanc, c'est voter Hollande", et côté PS que "voter blanc, c'est voter Sarkozy". En terme de pure logique, cet argument est faux, choisir Ø n'étant pas équivalent au choix de A ni de B. En terme politique, cet argument n'est cependant que partiellement faux, et donc partiellement vrai, car pour un électeur admettant qu'il n'est de conduite morale qu'entre les solutions Ø et A, lorsqu'il vote Ø, effectivement, sa voix ne se porte pas sur A et donc profite à B (pour un anarchiste, il demeurerait faux). La partie fausse du raisonnement, qui confine au procès d'intention, consiste à assimiler un acte positif à une conséquence inévitable, et à transformer l'acte de voter Ø, en intention de voter B. Un peu comme si l'on disait que tous ceux qui ont voté Sarközy ont voté pour une politique active de promotion de l'homosexualité (la diffusion du Baiser de la lune) ou de la théorie du gender. Entre la peste et le choléra, les "leucovotants" expriment qu'ils rejettent les deux, même s'il ne fait pas de doute qu'ils contracteront la plus contagieuse de ces deux maladies. 


Faut-il sauver le soldat Sarkozy ?

Une fois posé que le discours d'entre deux tours est la posture politique que l'état-major de Sarkozy a estimé la plus rentable compte tenu du paysage électoral du premier tour, il reste deux possibilités  à l'électeur : y croire, ou pas. Mais à la lecture des sondages, la question devient "Faut-il sauver le soldat Sarkozy" ?

Poser la question, c'est y répondre : il est déjà mort, les prévisions évaluant une défaite à environ 4 points. Il ne s'agit plus de faire gagner Sarkozy, mais de lui assurer une défaite moins difficile.

Dès le début, il savait le poids de la cristallisation de mécontentement qu'il avait accumulé, non sur les idées de droite, mais sur sa personne. La stratégie de campagne était celle proposée par Buisson, droitière. La prudence ou la sagesse aurait commandé de ne pas présenter, sur ces valeurs, de candidat qui en représente l'antithèse. Cette erreur de casting est une erreur majeure de la campagne de Nicolas Sarkozy, qui a préféré jouer une partie individuelle sans comprendre son handicap personnel, ni être capable du coup de génie indispensable, notamment dans le débat entre les deux finalistes. Sarkozy, finalement, n'était pas Napoléon.

Cela n'empêche pas de voter pour un mort, bien entendu, ne serait-ce que pour l'honneur.

De nombreux électeurs, se reconnaissant dans la "droite de valeur" (FN, DLR), ont annoncé qu'ils ne feraient pas ce choix. Doivent-ils être blâmés ?

Pour attirer ces électeurs, la stratégie de l'UMP a consisté à droitiser le discours du second tour, et y recycler les thèmes du premier tour de 2007, l’innovation 2012 consistant à envoyer le caporal Longuet ("ancien d'extrême-droite" comme aiment à le rappeler tous les media de gauche - quelle habileté politique dans ce choix !) donner un interview-suicide au journal Minute, Signal ayant cessé de paraître.

Comme en 2007, les voix de la "droite de valeurs" ont été réclamées sans aucune autre garantie que de continuer à être méprisées, ligne traditionnelle évoquée plus haut, mais marché de dupes quelque peu indécent, car il n'y avait pas de raison que les promesses de 2012 soient moins trahies que les promesses de 2007.

La ligne droitière proposée par Buisson a permis à Nicolas Sarközy, servi par son extraordinaire dynamisme et sa pugnacité, de remonter une partie de son handicap de départ. Et elle était arithmétiquement gagnante avec les voix du Front National, qu’il était vital de convaincre.

La parole du candidat sortant étant considérablement démonétisée par son quinquennat, il était inutile d’aller plus loin dans le discours. Cela a été contre-productif, aliénant au camp de droite les voix de Bayrou.

Au lieu de dire sans agir, il fallait agir sans dire, et proposer à droite une opportunité consistante, qui aurait été d'autant moins refusée qu'elle aurait été réelle, voire loyale. Bien sûr, un tel accord à droite n'était politiquement pas facile, dans le contexte culturel français. Mais il faut remarquer que ce contexte a été bâti par une droite qui y a délégué la gauche, allant jusqu'à nommer Frédéric Mitterrand, l'ami des enfants, au ministère de la Culture, corroborant avec brio la phrase assassine de Diesbach : « la vie politique française est animée par deux grands partis de gauche, dont l'un s'appelle la droite ».

Et au lieu de cette opportunité consistante, clé vitale pour la victoire, qu’avons nous vu ? Un consensus du chef de l'Etat, du Premier ministre, et des caciques UMP, s'accordant, dans le cas d'un duel FN/PS, à choisir de voter à gauche qu'à droite, option que ne pratique même pas cette "l'extrême droite" qu'ils vilipendent ! Quel scandale. Tout au long de la campagne, le FN n’a cessé d’être traité en ennemi, au contraire de la stratégie plus intelligente de Hollande vis à vis de Mélenchon, autrement plus encombrant et scandaleux que Mme Le Pen, et beaucoup plus agressif vis à vis du PS.

Mais non, l’UMP a continué consciencieusement d’appliquer la stratégie obstinée et stupide « du cordon sanitaire », faisant payer au pays cette facture qui va mettre au pouvoir, ce 6 mai, un courant finalement minoritaire.


Un programme pour l'après-Sarkozy.

Après, l'analyse peut être poursuivie sur une bande de plus, et il est possible de supputer qu'une défaite trop cuisante de Sarkozy affaiblisse la ligne Buisson pour les législatives, au profit de la ligne Juppé / NKM, ce qui serait un motif de voter Sarkozy. Là, ces hypothèses ne me concernent plus. 

Je n'ai aucune idée de savoir si l'UMP va exploser ou pas, et je n'entre pas dans ces combinaisons hypothétiques, ne cultivant pas d’intentions homicides particulières envers l’UMP, pas plus que n'idéalisant le FN. J’espère seulement que le paysage politique de l’après 6 mai prendra en compte l’existence d’un courant droitier, et sera pour lui l'occasion de lui permettre une expression démocratique sereine.

Pour ce qui me concerne, je ne crois pas que le sort du pays se joue par un bulletin que l'on met dans l'urne tous les 5 ans, tant que les finalistes sont des avatars de conceptions semblables, soumis aux mêmes impératifs du réel, qui s'imposent avant tout programme électoral. Les messages dramatisants qui prédisent que le 6 mai est le dernier jour avant le début de l’enfer, me font rire : nous avons vécu aussi tranquillement les 14 ans de Mitterrand et des communistes, que les 14 dernières de la droite parlementaire. L’idée selon laquelle il y aurait en France 50% de saints, contre 50% de salauds, est une caricature. Et Monsieur Dupont, qui pense être Charlemagne quand, tremblant d'émotion, il entend le fier « A voté » du premier assesseur, n'est que Monsieur Dupont.

Alors ce que je crois utile, pour l'après Sarkozy, c'est à la fois simple et douloureux : c'est simplement de travailler au bien, avec ses talents particuliers, dans sa sphère d'influence, selon les circonstances offertes par l'existence. Les possibilités sont infinies, et les exemples nombreux, dont un certain nombre de chrétiens d'exception, remarquables.

Et puisque ici nous jugeons sans bienveillance le bilan de l'un, le projet de l'autre, et les intentions de tous électeurs, peut-être pouvons-nous aussi appliquer à notre propre cas la pratique traditionnelle de l'examen de conscience : dans l'ordre de l'action et du service, combien de moi-même ai-je donné, ces 5 dernières années, au service des valeurs que je veux défendre ? (y compris au sein de n'importe quel parti politique, quand il s'agit bien de défendre des valeurs, et non un parti). Quel exemple ai-je donné ? Combien d'heures de travail ? Combien d'intelligence ? Combien de moyens ? A combien d'actions ai-je participé ? Avec combien d'enthousiasme et de joie ai-je aimé ma patrie ?

Car le meilleur Président possible ne peut se passer de la vertu personnelle, ni de l'ardeur dans l'esprit de service, de chacun des citoyens.

Classé dans : Politique - Mots clés : aucun - 4 commentaires

4 commentaires

#1 • Guillaume Dusexy • jeudi 04 juin 2015 à 00:59

La compilation des meilleures citations de Nicolas Sarkozy, enfin disponible dans un seul mail!!! Offre gratuite sans obligation de vote! :-)
Guillaume

«Je pense que les Français attendent une France d'après. (...) C'est une France où l'expression "Français de souche" aura disparu .» (Conclusion du livre de Nicolas Sarkozy « Témoignage » publié en juillet 2006, p. 280).

« Comment pendant si longtemps avons-nous pu laisser confondre le patriotisme qui est l'amour de la patrie avec le nationalisme qui est la haine des autres ? » Discours de Nicolas Sarkozy à Rouen 24 avril 2007

« Toi, Philippe, tu as de la chance, tu aimes la France, son histoire, ses paysages. Moi, tout cela me laisse froid, je ne m'intéresse qu'à l'avenir. » Discussion rapportée par Philippe de Villiers dans l'ouvrage d'Eric Branca et Arnaud Folch, Le mystère Villiers (2006).

« 2.000 ans de christianisme, 2.000 ans de civilisation chrétienne »... Car « la France c'est Saint-Denis, c'est Reims, c'est Domrémy, c'est le Mont Saint-Michel », Discours de Nicolas Sarkozy à Rouen 24 avril 2007

« Tous les colons n'étaient pas des exploiteurs, il y avait parmi eux beaucoup de gens courageux qui avaient travaillé dur toute leur vie, qui n'avaient jamais exploité personne, qui avaient construit des routes, des hôpitaux, des écoles, qui avaient enseigné, qui avaient soigné, qui avaient planté des vignes et des vergers sur un sole aride, qui ne devaient rien qu'à eux-mêmes, qui avaient beaucoup donné à une terre où ils étaient nés et qui un jour n'ont eu le choix qu'entre la valise et le cercueil. » Discours de Sarkozy à Rouen 24 avril 2007

[NB : Il s'agit bien du même Sarkozy qui s'incline en Algérie devant le « Monument aux martyrs », à savoir aux égorgeurs du FLN, lors d'une visite « amicale » à Bouteflika qui exige la repentance de la France.]

« Concrètement, la promotion de la diversité dans l'emploi passe par la généralisation de la procédure du CV anonyme partout où elle est possible (grandes entreprises, ANPE…). Nous réserverons les marchés publics aux entreprises dotées d'un label « diversité » , c'est-à-dire à celles dont le personnel reflète le caractère multiple de la société française. » Interview de Sarkozy au CRAN, février 2007

« A titre personnel, je considère qu'il ne serait pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter lors des élections municipales, sous réserve de réciprocité du pays d'origine. » Interview de Sarkozy au CRAN, février 2007

« ...mais la France mes chers amis, elle a la voix, elle a la figure, elle a la dignité d'une femme, d'une mère, rescapée des camps de la mort, qui s'écrit en 1974 à la tribune de l'Assemblée : 'nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements clandestins qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays'. Ce jour-là la France s'appelle Simone Veil et c'est l'honneur de la France et de la République. » Meeting d'inauguration de la campagne électorale de N. Sarkozy, Paris Porte de Versailles, janvier 2007

« Les principes je les respecte, les convictions je les respecte. Mais je me dis quand même, au fond de moi, il y a des limites à la souffrance qu'on impose à un être humain ; on ne peut pas rester les bras ballants devant la souffrance d'un de nos compatriotes qui appelle à ce que ça se termine, tout simplement parce qu'il n'en peut plus ».

Discours devant ses comités de soutien réunis à la Mutualité à Paris, 11 février 2007.

« Pour ma part, je n'ai aucun doute sur la sincérité et la réalité de l'amour homosexuel et sur la nécessité d'aligner un certain nombre de droits et devoirs entre les couples hétérosexuels et homosexuels. C'est pourquoi, je me suis particulièrement attaché à ce que figure dans mon projet, l'Union, contrat qui serait signé en mairie et conférerait aux couples, l'égalité en matière de droits successoraux, fiscaux et sociaux. Ce contrat constituerait une réelle avancée pour notre pays en matière de conjugalité. »

Lettre de Nicolas Sarkozy à l'APGL à l'occasion de son débat sur l'homoparentalité, le 3 février 2006

« L'amour homosexuel est aussi sincère que l'amour hétérosexuel, et il n'y en a pas un qui est plus important que l'autre, naturellement. »

J'ai une question à vous poser, TF1, 5 février 2007

« Autant je suis attaché aux progrès de l'harmonisation fiscale européenne pour l'impôt sur les sociétés ou pour les droits sur les alcools, l'essence, les cigarettes, qui manifestement impactent les échanges au sein de l'Union, autant je souhaite que la TVA sur les prestations locales, telles que la restauration ou la rénovation de logements, revienne entièrement dans le champ de notre compétence nationale, aussi tôt que possible. » Discours Congrès de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (01/12/06)

[Chirac avait lui aussi promis en 2002 de baisser la TVA sur la restauration et qu'il ne l'a pas fait car l'Europe s'y est opposé.]

« Pour être plus précis et plus simple : d'abord, les Français ont voté "non" à la Constitution, nous n'y reviendrons pas. Quelle que soit la qualité remarquable du travail de Valéry Giscard d'Estaing, cette Constitution n'entrera pas en vigueur puisque les Français ont dit "non", premier point. »

Nicolas Sarkozy, débat présidentiel, 4 mai 2007

« Je débloquerai la situation de l'Europe en proposant un traité simplifié sur lequel MM Zapatero, Blair, et Mme Merkel m'ont donné leur accord qui permettra de doter l'Europe d'un président élu. »

Nicolas Sarkozy, débat présidentiel, 4 mai 2007

J.J Bourdin : « Al-Qaïda, ce sont des sunnites ou des chiites »

N. Sarkozy : « Al-Qaïda, c'est une mouvance… »

J.J Bourdin : « ce sont des sunnites ou des chiites »

N. Sarkozy : « On ne peut pas qualifier Al-Qaïda comme ça… »

J.J Bourdin : « Les combattant d'Al-Qaïda, ce sont des sunnites ou des chiites »

N. Sarkozy : « le GSPC, en Algérie… »

J.J Bourdin : « Nicolas Sarkozy ! »

N. Sarkozy : « Non mais… je vais expliquer »

J.J Bourdin : « Non mais je vous demande ! »

N. Sarkozy : « Jean-Jacques Bourdin ! »

J.J Bourdin : «Non mais je vous demande, vous êtes ministre de l'intérieur, il y a des menaces terroristes en permanence… est-ce que les combattant d'Al-Qaïda, ce sont des sunnites ou des chiites ; je vous pose la question ! »

N. Sarkozy : « Alors je vous réponds, il est impossible d'y répondre pour une raison que je vais démontrer tout de suite : parce que Al-Quaïda est une nébuleuse […] »

J.J Bourdin : « non, tous les chefs d'Al-Qaïda sont sunnites»

RMC, 5 mars 2007

Ségolène Royal : Savez-vous quelle est la part du nucléaire dans la consommation d'électricité en France ?

Nicolas Sarkozy : Oui, est-ce que vous confirmez ce choix ?

Ségolène Royal : Quelle est cette part ?

Nicolas Sarkozy: Nous avons, Madame, en France, grâce au nucléaire, une indépendance en électricité à hauteur de la moitié.

Ségolène Royal: Vous défendez le nucléaire mais vous ignorez la part du nucléaire ?

Nicolas Sarkozy: Non, nous avons la moitié de notre électricité qui est d'origine nucléaire.

Ségolène Royal: Non, 17 % seulement de l'électricité est d'origine nucléaire.

Débat présidentiel, 4 mai 2007

(Le vrai chiffre : 78%)

« Et tout ce que j'ai dit, je le ferai, je tiendrai scrupuleusement ma promesse et ma parole. […] Si les Français me font confiance, je ne les décevrai pas, je ne les trahirai pas, je ne leur mentirai pas. »

Nicolas Sarkozy, débat présidentiel, 4 mai 2007

#2 • P-E • lundi 07 mai 2012 à 20:19

Somme toute, le vote blanc c'est comme l'art abstrait : il faut un texte d'explication au bas du tableau pour préciser l'intention de l'artiste ?

#3othello • lundi 07 mai 2012 à 11:12

@Cyril B :

Vous présentez sur le vote blanc une alternative d'intention, qui serait de "garder sa conscience propre et/ou faire plier le système"


"Garder se conscience propre". Permettez moi de ne pas trouver justes les termes que vous employez, car ils réduisent l'intention du vote blanc à l'intention de Ponce-Pilate "Je suis innocent du sang de cet homme", ce qui est statistiquement inexact, cette intention étant très minoritaire, pour autant qu'elle existe (je ne l'ai vue exprimée nulle part). Les votes blancs expriment avant tout qu'aucune des options présentées n'est acceptable.

Vous dites que cette attitude serait moralement inacceptable parce qu'elle ne s'opposerait pas à ce dont vous affirmez qu'il s'agit d'un moindre mal. Or cette certitude d'immoralité repose sur la certitude d'une analyse valide au premier degré, cette analyse demeurant incertaine dès qu'il s'agit d'aller aux degrés suivants. Au premier degré, les différences de modalités (65% pour l'un ou 100% pour l'autre sur le remboursement de l'IVG, par exemple) ne suffisent pas à identifier un moindre mal, si on lui renvoie, pour un second degré, l'instrumentalisation des voix "du moindre mal" à réaliser un mal certain, l'impossibilité de négocier ces voix contre le moindre bien, et l'installation durable de la culture de mort dans notre société. Si l'identification d'un moindre mal avait été certaine, la consigne de la CEF aurait été certainement différente, et plus impérative.



"Faire plier le système".. Vous estimez cette intention immorale car elle reviendrait à déclarer une guerre disproportionnée et sans grande chance de succès. Comme vous, il me semble certain que vouloir "faire exploser l'UMP", en supputant de cette explosion un bien pour la France, est une conduite immorale, en particulier à cause du vieux principe qui interdit, dans le cas général, d'utiliser un mal, même en vue d'un bien. Là où votre argument ne tient plus, dans la formulation que vous avez employée, c'est que la part majoritaire des électeurs qui ont eu cette intention ne se sont pas abstenus, et n'ont pas voté blanc, ils ont voté... Hollande !


L'intention majoritaire des votes blancs n'est pas de "faire plier le système", mais repose pour une part sur le sentiment justifié que les promesses Sarkozy de 2007 ont été trahies, pour une part sur le rejet d'un nouveau marché de dupes, sans contreparties, et enfin sur la volonté, en créant une menace vitale, de peser à la droite de l'UMP, et on a vu combien cette intention était efficace. Sauf démonstration contraire, aucune de ces intentions ne peut être considérée comme immorale.


Je vous rejoins sur le dernier point : la vie politique ne s'arrête pas au 7 mai. A l'UMP, les règlements de compte ne vont pas tarder à faire rage, notamment entre le courant Juppé / NKM, poussant à un repositionnement de l'UMP au centre-gauche, et la ligne Droite populaire, axée sur la ligne Buisson. Nous pouvons donc encore être tous utiles à servir nos idées, ceux qui ont voté d'enthousiasme, ceux qui ont voté à contre-coeur, et ceux qui ne l'ont pas fait, en signifiant d'une manière urgente à l'état-major UMP que nous souhaitons non pas une poursuite des errements anciens, mais une réelle politique de droite, sinon du Bien, avec une ouverture au FN sans arrières-pensées.

#4 • Cyril B • lundi 07 mai 2012 à 10:47

L'IMPOSSIBLE ABSTENSION POUR LES CATHOLIQUES

Décidément, beaucoup de chrétiens semblent confrontés ces jours-ci à un dilemme cornélien : Est-il licite de voter Sarkozy ou non ?

Les arguments donnés par les tenants de l’abstention ou du vote blanc, souvent d’autorité, reposent sur un amalgame en forme de raccourci : Sarkozy ne respectant pas à 100% les valeurs catholiques, il est exclu de voter pour lui sans se compromettre moralement.
Derrière cet argument, deux principales raisons sont en réalité invoquées par les abstentionnistes et les tenants du vote blanc : garder sa conscience propre et/ou faire plier le système.

Considérons, un instant, le cas de conscience.
La moralité d’un acte s’apprécie quant à l’acte lui-même, mais aussi quant à sa finalité. Pour ce qui est du vote, il convient donc, préalablement, de se demander si ne pas voter et donc accepter le risque d’une victoire socialiste n’est pas d’une gravité plus importante que refuser de voter, faute d’un candidat héraut absolu de nos valeurs. L’idée sous-jacente étant de croire ainsi ne pas se salir les mains et garder une conscience propre.

Le Vatican a été relativement clair au sujet de l’avortement. Un député confronté à deux propositions de loi sur l’avortement dont l’une abaisserait le délai légal pour avorter a le devoir de voter cette loi, car elle est un mieux possible. La raison en est simple. En limitant le délai légal d’IVG, on sauve des vies. Pourtant, cela reste bien une loi en faveur de l’avortement.
Il en va donc de même pour le programme de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de celui de François Hollande. Voter Sarkozy, c’est, concrètement, sauver des vies, alors que laisser passer Hollande c’est accepter et donc assumer le péché que contient son programme (accès facilité à l’avortement, mariage homosexuel, euthanasie). Et donc en porter la responsabilité morale devant Dieu.

Arrêtons-nous à présent sur la volonté de faire plier le système. Ce qui revient, ici à livrer une guerre, la meilleure arme trouvée étant l’abstention, comme volonté active et délibérée de mener le système à son effondrement.
Pour apprécier, en conscience, il nous faut donc nous reporter aux principes de la guerre juste. Pour mener l’offensive, nous rappellent saint Augustin et saint Thomas, il faut être l’offensé. On peut, de fait, légitimement estimer que tel est le cas. Il faut, en outre, que les dégâts sur l’adversaire (et les alliés) ne soient pas disproportionnés par rapport au préjudice subi. Ce qui suppose d’identifier adversaires, alliés et préjudices subis. L’adversaire, c’est le système, mais donc, aussi, ceux qui en dépendent, à savoir toute la population. Les alliés sont tous ceux qui se livrent, avec nous, à la bataille. Concrètement, ce sont les mêmes que ceux qui dépendent du système actuel.

Identifier les dommages subis par la France et les Français est tout de même plus subtil. Mais nous pouvons citer pêle-mêle, la famille, l’Eglise, les enfants à naitre, une certaine paupérisation de la société, l’exploitation de l’homme, la dilution de l’identité nationale…
Il faut enfin appréhender les dommages causés par la riposte offensive que l’on veut mener. En clair quelles conséquences cela aura sur… les populations. Il n’y a qu’à regarder le programme socialiste pour le savoir. Car s’abstenir est bien courir le risque de voir triompher le vote socialiste. C’est clairement un acte positif assumant toutes les conséquences de ce vote.

Enfin, il faut proportionner les dégâts subis et les dégâts causés par la riposte. Nous y reviendrons.

Pour qu’une guerre soit juste, il faut, en outre, que la situation entraînée par la riposte ne soit pas pire qu’avant et… avoir de réelles chances de succès. Clairement, cinq ans de socialisme entraîneront une aggravation lourde de la situation des familles, des enfants à naître, de l’euthanasie…
Au demeurant, personne ne peut affirmer qu’ébranler le système permettra effectivement de le remplacer par un monde meilleur. Le risque n’est donc pas suffisamment proportionné.
Enfin, pour que la guerre soit juste, il faut que toute autre tentative ait échoué. Or, il faut être clair, nous n’avons pas tout essayé parce que nous avons déserté l’espace politique depuis longtemps, parce que pour beaucoup nous nous réveillons un mois avant les échéances électorales.
Il reste encore des possibilités d’action. Une initiative comme Audace 2012 l’a montré. De nombreux mouvements naissent et se développent en ce sens. Les initiatives fleurissent et les lignes bougent, c’est indéniable, parce que les jeunes générations de catholiques ont changé et entrent dans l’arène.
En outre, nous avons méprisé l’appel aux catholiques de Nicolas Sarkozy après de son discours du Latran. Evêques et archevêques en tête. Qu’on se souvienne de la réponse de l’archevêque de Toulouse ! Si les catholiques avaient seulement essayé de saisir la perche au lieu de la regarder avec dégoût, peut être que la face de la France eut bien changée.

TRES CONCRETEMENT IL EST MORALEMENT INDEFENDABLE DE LAISSER PASSER LA GAUCHE.
La guerre livrée au système ne peut se dire juste et la clause de conscience ne tient pas au regard de la gravité du risque.

A défaut de pouvoir opter pour le candidat idéal, nous ne pouvons qu’aller vers un mieux possible. Cela veut dire faire barrage à la gauche et contraindre Nicolas Sarkozy à respecter au minimum son programme. Car la vie politique c’est du travail de longue haleine. La France c’est dans la durée qu’elle se construit !

Et de fait, cela veut dire qu’il ne faut pas retourner à la pêche le 7 mai et tout de suite rappeler au président sortant, s’il est réélu, que nos voix ont compté. Cela veut dire, grossir les rangs des lobbys influents, militer dans la rue, rejoindre les partis politiques et les associations qui œuvrent pour la défense de nos valeurs. Parce que la vraie politique, réaliste et pro-active, c’est sur le terrain et les mains dans le cambouis qu’elle se fait.

Fil RSS des commentaires de cet article

Écrire un commentaire






Quelle est le quatrième caractère du mot alzyd ? :