Le beurre, et l'argent du beurre.
Rédigé par hamlet le 27 octobre 2012
Il est de bon ton, dans les salons cossus, de proclamer que les valeurs morales sont portées par la droite (alors que, paradoxalement, l'éthique porterait à gauche), et d'en vouloir pour preuve que l'électorat chrétien vote majoritairement à droite, ce qu'il n'a pas manqué de faire lors de la dernière élection présidentielle, à grands coups d'indignations sur le projet de légalisation du mariage homosexuel.
Comme pour donner raison à ces fins observateurs, la gauche au pouvoir vient de réaliser une promesse "immorale" du candidat Hollande : le remboursement à 100% de l'IVG, ainsi que la gratuité des contraceptifs.
L'IVG des mineures était remboursée à 100%, tandis que celle des majeures ne l'était qu'à 80%. Désormais, au terme de l'article 43 du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFS), à partir de 2013, l'IVG des majeures sera remboursé à 100%. Par ailleurs, les contraceptifs, dont le taux de remboursement actuel est de 65%, seront maintenant gratuits pour les filles de 15 à 18 ans - environ un million de personnes. Le coût de ces deux mesures est estimé à 17 millions d'euros, 12 millions pour l'IVG (un avortement coûte entre 200 et 450 euros), et 5 millions pour les contraceptifs, financés par le contribuable (cotisations sociales, CSG, taxes sur les alcool et le tabac).
Lors des débats au parlement (séance du 26 octobre 2012), Marisol Touraine, actuelle ministre, ainsi que les députés PS inscrits aux débats de l'article 43, n'ont pas pu échapper à l'hommage litanique obligatoire aux grandes prêtresses de l'avortement : l'icone (de droite sous un gouvernement de droite) l'ayant dépénalisé en 1975, Simone Veil, puis le remboursement par Yvette Roudy, la loi "anti-entrave" de Véronique Neiertz, et pour finir, l'allongement de délai de la loi Aubry-Guigou, hommage teinté d'une grandiloquence déplacée. En effet, bien que l'adoption de ces lois soit une victoire pour ses promulgateurs, il n'en reste pas moins qu'ils reconnaissent tous la gravité de cet acte. Or l'idée de célébrer avec emphase la mise en place de mesures permettant des actes graves demeure saugrenue.
A droite, un seul amendement très minimaliste a été inscrit, qui proposait simplement l'abrogation de l'article 43. Dominique Tian le présentait au motif que "l’échec de la contraception dans notre pays, le fait que le nombre d’IVG ne diminue pas, pose question". Rien de révolutionnaire : comme il le rappelait, "il ne s’agit pas de revenir sur la loi de Simone Veil".
Le cran de M. Tian est à saluer : s'il a fallu un certain courage, à l'époque, à Simone Veil et ses consoeurs, pour défendre leur point de vue, l'endroit du courage s'est déplacé, et c'est maintenant pour défendre le point de vue "pro-life", qu'il faut un courage certain.
Au centre, l'UDI, portée récemment sur les fonts baptismaux par des personnalités aussi riches en projets d'avenir que M. Giscard d'Estaing et Mme Veil, s'est opposée vivement à cet amendement, par la voix de M. Vercamer.
Porté aux voix, sur les 101 votants, il ne s'est trouvé que 6 députés UMP pour soutenir M. Tian, dont l'amendement a été rejeté sans même de discussion. Les autres "défenseurs des valeurs morales" étaient aux abonnés absents. Sur ce sujet, il n'y avait pas de consigne de groupe.
Apparemment, le "rempart moral" formé par les députés de l'UMP souffre de quelques faiblesses...
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